L’invasion de l’Ukraine affecte le marché mondial du maïs
L'invasion de l'Ukraine affecte le marché mondial du maïs
Le marché du maïs fortement perturbé
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a fortement affecté le marché du maïs de consommation ces dernières semaines. Ce pays représente à lui seul plus de 15% des exportations mondiales de maïs, principalement à destination de l’UE et de la Chine mais également de pays méditerranéens. En moyenne, 80% de la production ukrainienne est exportée ce qui devait représenter, pour la campagne actuelle et avant la guerre, plus de 33 Mt de maïs. Au déclenchement de l’invasion, près de 16 Mt restaient à exporter jusqu’à la fin de la campagne en juin 2022 dont environ 5 Mt vers l’UE.
La logistique du pays est sévèrement désorganisée et réorientée vers l’effort de guerre. Les ports d’exportations de produits agricoles ont été endommagés par des bombardements russes, sont bloqués par la flotte de ce pays et minés par les Ukrainiens pour empêcher des manœuvres amphibies. De ce fait, l’Ukraine exporte du maïs par l’Ouest du pays vers ses voisins européens (Pologne, Roumanie, Pays Baltes…) par camion et par fret ferroviaire. Ces moyens restent limités, on estime les exportations actuelles à environ 200 Kt/semaine.
La quasi-absence de cet acteur de poids pour la fin de campagne a fait fortement réagir les prix à la hausse. En effet, de nombreux pays importateurs doivent désormais solliciter d’autres origines pour répondre à leurs besoins. C’est le cas dans l’UE où les importateurs se sont d’abord tournés vers les volumes, limités, de leurs voisins excédentaires avant de solliciter notamment le maïs américain. C’est également le cas de la Chine dont l’Ukraine était un important fournisseur et qui revient aux achats en contractualisant du maïs américain.
Des tensions qui vont se maintenir pour la campagne 2022/23
Les fortes tensions actuelles vont se maintenir à minima pour la prochaine campagne. En effet, les semis de maïs 2022 en Ukraine sont rendus très difficiles par la situation. Les agriculteurs manquent d’intrants : carburant, semences, produits phytosanitaires…, une partie de la main d’œuvre est mobilisée sur le front et certaines zones de production sont rendues impraticables notamment du fait des mines. De ce fait, le gouvernement ukrainien et des analystes estiment une baisse de la sole de maïs de 30% à 40% par rapport à 2021. Par ailleurs, la récolte sera difficile à exporter à l’automne prochain même avec l’arrêt du conflit du fait des dégâts sur les infrastructures.
Par ailleurs, la guerre en Ukraine a accentué le renchérissement des intrants agricoles pour les autres pays et pour toutes les productions. La Russie, dont l’économie est sanctionnée, est un exportateur majeur de gaz, de pétrole et d’engrais ce qui a conduit à de nouvelles hausses de prix des carburants, des engrais…
Dans ce contexte de fortes tensions, les autres exportateurs majeurs (Etats-Unis, Brésil, Argentine) continueront d’être sollicités pour compenser au moins partiellement l’absence de l’origine ukrainienne. Cela rendra le marché d’autant plus sensible aux aléas climatiques lors de la prochaine campagne alors que les surfaces de maïs 2022 aux Etats-Unis sont attendues en forte baisse au profit du soja et que la sécheresse commence à menacer le maïs safrinha, devant être exporté à partir de juillet, au Brésil.