Sole maïs européenne en 2023
Forte baisse des intentions de semis
Les semis de maïs ont débuté sur l’Europe mais sont ralentis par des conditions encore fraîches et des sols non ressuyés. Les pluies du mois de mars ont permis d’alléger la pression hydrique héritée de la sécheresse hivernale notamment sur la France. Cependant, les prévisions de semis laissent entrevoir une baisse significative de la sole maïs européenne en 2023. Cette tendance semble liée à une baisse de la compétitivité économique de la culture maïs, avec des cours en repli et une hausse des coûts de production, une récolte déficitaire 2022, et l’entrée en vigueur des nouvelles exigences de la PAC (Politique Agricole Commune). Ces facteurs orientent les choix des agriculteurs vers des espèces concurrentes. Ainsi, dès les semis d’automne, on a pu observer une hausse de la sole colza et céréales (blé et orge). En vue des semis de printemps, les agriculteurs semblent se positionner prioritairement sur du tournesol. En conséquence, notre estimation de surface maïs pour 2023 se situe à 14.1 Mha sur l’UE, soit une baisse de 6% et d’au moins 800 000 ha par rapport à 2022. Cette tendance est principalement marquée en maïs grain, qui reculerait de 8 à 10% en France.
Tendance baissière également en Europe du Sud, conséquence de la pression sur la ressource en eau ; les surfaces de maïs grain reculeraient de 10% en Italie et 6% en Espagne. Sur la zone Europe centrale, les surfaces de maïs grain baisseraient d’au moins 5% en Pologne, et d’au moins 10% en Hongrie et Roumanie.
Les surfaces de maïs fourrage seraient également orientées en légère baisse, notamment en Allemagne, en lien avec la diminution du cheptel et la baisse du niveau d’incorporation du maïs fourrage dans les méthaniseurs.
En France, le maïs fourrage reculerait d’environ 2%, du fait de la baisse de cheptel. Hors UE, les surfaces de maïs sont à nouveau attendues en forte baisse en Ukraine ; suite à des difficultés de récolte 2022, et au manque de trésorerie, les surfaces de maïs grain pourraient reculer de presque 25% dans ce pays.
En Russie, les surfaces de maïs grain connaîtraient également un léger recul. Les surfaces de maïs sont attendues relativement stables en Biélorussie, et en recul sur la Serbie. On notera une exception à cette baisse généralisée des surfaces maïs 2023 ; en Turquie, on anticipe une forte progression des surfaces de maïs, en substitution de la culture du coton devenue moins attractive.
Semences de maïs : mise en place des productions au champ en vue de l’approvisionnement 2024
Dans ce contexte de demande dégradée en vue des semis de maïs grain et fourrage 2023, les acteurs de la création variétale et de la production de semence se mobilisent en vue d’assurer un approvisionnement conforme aux attentes, en volume et en qualité. La France est le premier producteur de semences de maïs en Europe, et le premier exportateur au niveau mondial. Au vu du contexte de forte baisse du marché en 2023, et localement des tensions sur les ressources hydriques, le programme de multiplication pourrait légèrement diminuer, à hauteur de –7%, mais se maintenir à un niveau élevé et proche de 78000 ha. En Roumanie, deuxième pays producteur de l’UE, c’est une baisse qui semble se dessiner, à hauteur de -6%, pour un plan qui serait compris entre 29000 et 30000 ha. En Hongrie, même tendance à la baisse, de -6%, et une surface envisagée entre 25000 et 26000 ha. Au niveau de l’UE, le plan de production serait en baisse de 8%, voisin de 160 / 165000 ha. Hors UE, les tendances sont à la hausse sur la zone “Mer Noire”. Ainsi, on estime une augmentation du plan de production en Ukraine de +22%, pour un total estimé voisin de 36000 ha. Rappelons que l’Ukraine bénéficie depuis 2021 d’une “équivalence” de ses productions de semences de maïs pour l’approvisionnement des marchés UE. En Russie, une augmentation est envisagée pour un total estimé proche de 39000 ha, et essentiellement destiné à l’approvisionnement du marché local. En Turquie, les perspectives sont également en hausse, estimée à +12%. Enfin concernant la Serbie, on s’oriente vers une légère baisse du plan de production, à hauteur de -5%.